Genre : Cinéma

Qu’elle était verte ma vallée

Cycle John Ford

Du mercredi 31 août au mardi 6 septembre 2016
Cinéma Orson Welles

Synopsis

Dans une petite ville du Pays de Galles, un père et ses cinq fils travaillent à la mine de charbon et la vie quotidienne s’écoule paisiblement, rythmée par des habitudes devenues de vrais rites. Mais les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles et les fils décident de faire grève, contre l’avis de leur père…

Notre avis

On ne présente plus John Ford. Un type qui faisait des westerns. Rien de plus. Un type qui se présentait comme tel devant la caméra de Peter Bogdanovich, cinéaste cinéphile et intello talentueux. Il se présentait ainsi pour éviter les questions louches, pour botter en touche face aux cuistreries critiques et aux empailleurs d’idoles. Quand beaucoup de réalisateurs, aujourd’hui, ont déjà un discours tout fait sur leur art, avant même que d’avoir prouvé quoi que ce soit, Ford la jouait, non sans ironie, profil bas. Un type qui faisait des films, sans avoir le petit doigt de l’artiste en l’air, pour causer vision du monde ou théorie du plan large. On sait bien, aujourd’hui, que Ford était bien plus que tout cela, que sa bibliothèque était aussi vertigineuse que la Monument Valley, qu’il savait cadrer au millimètre sans même viser l’œilleton de la caméra, qu’il occupe le Panthéon définitif de l’histoire du cinéma. Il faisait partie des grands borgnes d’Hollywood, avec André De Toth, Fritz Lang, Nicholas Ray et Raoul Walsh, et il n’a pas fait que des westerns, loin s’en faut.

Les trois films qui composent ce cycle, et que l’on vous propose de redécouvrir en copies neuves, ont été tournés pour la Twentieth Century Fox dans les années 1940. Films de prestige, si l’on veut, à tout le moins dans leur propos social ou leur révision des mythes américains. Ford permettra même au studio d’obtenir son premier Oscar pour le meilleur film, avec Qu’elle était verte ma vallée (film que l’on ne cite pas spontanément quand on s’amuse à dresser la liste des meilleurs Ford, et sur lequel il est arrivé tard). Deux des films mettent en scène le héros positif américain, l’incarnation de la loi, le Tom Joad d’Hollywood : Henry Fonda. De l’adaptation sublime du roman de Steinbeck (Les Raisins de la colère) jusqu’à sa version du duo Wyatt Earp/Doc Holyday, on voit la touche de Ford (une espèce de lyrisme sec qui compose une comédie humaine), mais encore celle de son producteur, Darryl F. Zanuck, qui n’était pas un enfant de chœur et avec qui il a eu maille à partir (Qu’elle était verte ma vallée était d’abord son projet et La Poursuite infernale fut coupé et en partie retourné selon la volonté du célèbre nabab). Ces trois films, rassemblés ici, témoignent en tout cas de la créativité pragmatique d’un studio et de son producteur, du talent insubmersible de John Ford, et de la capacité du cinéma hollywoodien classique d’aborder tous les sujets et de les absorber dans son esthétique générale – dont John Ford est assurément l’un des pères fondateurs.

Fabien Gaffez