Genre : Cinéma

Pépé le moko

Rétrospective Julien Duvivier

Du mercredi 15 au dimanche 26 juin 2016
Cinéma Orson Welles

Le gangster Pépé le Moko s’est réfugié dans la casbah d’Alger pour échapper à la police. Il y rencontre une touriste parisienne, dont il tombe amoureux. La jeune femme va involontairement servir à faire sortir le bandit de sa retraite pour finir par tomber dans un guet-apens. Pour y échapper, Pépé préférera se donner la mort.

Le cinéma français des années 1930 était l’un des plus beaux cinémas du monde. Sa liberté de ton, son romantisme formel, sa fougue politique, sa langue unique en font l’un des âges d’or d’un art encore jeune. Ce cinéma va donner naissance à un mouvement : le «réalisme poétique». Ce cinéma a ses auteurs : Renoir, Carné, Grémillon pour ne citer qu’eux. Ce cinéma, surtout, a une star : Jean Gabin. Bien que l’on ne retienne trop souvent que la figure bougonne du patriarche réac revu par Michel Audiard, on en oublie parfois le génie du premier Gabin qui, entre 1934 et 1939, connaît une créativité sublime. En l’espace de cinq ans, il nous laisse quelques chefs-d’œuvre, une poignée de grands films, et un bon tas de classiques. Parmi les réalisateurs majeurs de cette époque se trouve Julien Duvivier, que l’on a tendance à laisser de côté, par les effets, aussi pervers qu’étranges, de l’histoire du cinéma (de ses vessies et de ses lanternes). Il est pourtant l’un des plus grands, dont la mise en scène épidermique demeure l’une des plus inventives, à l’image de certains réalisateurs hollywoodiens. Son œuvre profuse (plus de 70 films) donne le tournis, puisqu’elle met le cinéma dans tous ses états. Il était donc temps de remettre les pendules à l’heure et de célébrer le cinéma de Julien Duvivier.
Parmi les sept films que Gabin et Duvivier ont tournés ensemble, nous en avons choisi quatre. Trois tournés durant les fantastiques années 30 : La Bandera (un film digne de Walsh ou Wellman), La Belle équipe (LE grand film du Front populaire) et Pépé le Moko (inoxydable classique). Le quatrième, Voici le temps des assassins, est le dernier du tandem, tourné après-guerre, avec le «nouveau» Gabin — dans un film qui, d’une certaine manière, prend la forme d’une mise à mort du premier Gabin. Dans un beau papier publié dans Positif en novembre 2008, Christian Viviani résume à merveille la situation : «On a beaucoup célébré, et à raison, l’alliance de Jean Gabin et de Jean Renoir. Les cinéphiles découvrent Gabin chez Grémillon. L’apport de Gabin à Carné est un fait entendu. Mais la relation entre Gabin et Duvivier n’a pas la beauté de l’évidence : sept films en montrent le devenir. Duvivier n’a pas créé le mythe Gabin, mais il lui a permis de se faire. C’est déjà un mythe réalisé que Renoir prend en main dans Les Bas-Fonds (1936) : celui dont on a dit qu’il était le plus français des cinéastes saura lui trouver sa place dans son univers. Duvivier, notre grand director à l’américaine, lui a construit un univers. Les deux étaient indispensables.»
Fabien Gaffez